samedi 19 janvier 2013

Des capotes en psychiatrie

La sexualité pour tous



Hier la cour d'appel administrative de Bordeaux a condamné un hôpital psychiatrique de Gironde pour avoir interdit à ses patients d'avoir des rapports sexuels.

Un événement qui n'est pas tombé dans les oreilles d'une sourde, m'étant heurtée moi-même il y a quelques années à tous les hôpitaux et cliniques psychiatriques de Paris, à l'exception d'un, alors que je faisais des recherches sur la prévention des infections sexuellement transmissibles en psychiatrie.

La sexualité en psychiatrie est un sujet tabou

Premier constat, la sexualité en secteur psychiatrique dérange. Il ne faut pas en parler, faire comme si elle n'existait pas. Seul un cadre de santé a accepté de me recevoir sur tout Paris pour interroger ses équipes à ce sujet. Vieux restes de pudibonderie de notre lourd passé de nonnes ? Fantasmes sur une sexualité débridé du "fou"? Infantilisation ?
La réponse la plus courante et la plus spontanée quand j'évoquais le sujet avec les infirmières était "que l'hôpital était fait pour se soigner et pas pour ça". Ce ça plein de pudeur parlait de lui même. La sexualité en psychiatrie est un sujet tabou.

Fermer les yeux plutôt que d'en parler.

Deuxième constat, fortes de cet argument , les équipes ne se sentaient pas alors spécialement concernées par ce sujet. L'hôpital n'est pas un lieu de vie me disaient t-elles. Pourtant, certains patients sont là depuis des mois, voire des années. Peut-on leur refuser ce besoin naturel ? Et quid de notre mission de santé publique ? En admettant que l'hôpital ne soit pas l'endroit où avoir des relations sexuelles, ne peut-on pas profiter du séjour d'un patient à la personnalité vulnérable pour faire de la prévention sur ce sujet ? Notre but n'est t-il pas de rendre notre patient autonome à son retour à domicile ?

Le rôle infirmier dans l'autonomie sexuelle des patients

on désigne par autonomie sexuelle le fait de savoir se protéger physiquement, savoir dire non, reconnaître ses désirs et ses limites. Nombres de pathologies mentales mettent à mal cette autonomie sexuelle. Pourtant cette dimension n'est que trop rarement (voire jamais ?) prise en compte dans le parcours de soins infirmiers. Résultat : on retrouve un taux d'infections sexuellement transmissibles, d'agressions sexuelles et de viols supérieur chez cette population que dans la population générale.

"Autoriser" les rapports sexuels en milieu psychiatrique, une question de responsabilité

Troisième constat : les infirmiers ont peur des dérives. Tous ont eu une mauvaise expérience en rapport avec la sexualité des patients. Un grand nombre relate des cas de prostitution en échange de cigarettes, des cas de rapports non consentis chez des patientes incapables de dire non, des cas de grossesses non désirées.
Les infirmiers semblent craindre de passer à côté de situations problématiques et d'en être tenus pour responsables.

Une obligation à la prévention pour un droit à la sexualité sans danger

Il ne me paraît pas correct d'interdire les rapports sexuels en psychiatrie. Comme l'a rappelé la cours administrative d'appel de Bordeaux, le droit à la sexualité fait partie intégrante de la convention européenne des Droits de l'homme.

Cependant, après mes recherches je pense que la question mériterait d'être un peu plus approfondie par les autorités de la santé. Condamner sans se pencher sur les réels problèmes de fond et sans rien proposer en retour ne sert à rien.

La responsabilité de chacun, soignants et patients doit être clairement définie.
La prévention des infections sexuellement transmissibles doit être personnalisée et obligatoire. Distribuer des préservatifs entre deux portes, au bon vouloir des soignants et de la direction n'est pas suffisant dans ce secteur.
De même, des formations doivent être mises en place pour les soignants afin d'accompagner de manière individualisée chaque patient vers une autonomie sexuelle.

dimanche 13 janvier 2013

La bonne, la brute et le truand






Malade, elle n'a pas fermé l'oeil de la nuit.
Épuisée elle n'a pas posé ses congés.
Culpabilisée, elle n'a pas osé alerter.
Consciencieuse elle est allée travailler.

La bonne, la brute ...

Malade, elle est hospitalisée.
Patiente elle a été.
À la mutuelle et à la sécu elle a cotisé.
Vulnérable, elle s'est sentie délaissée.

Elle a fini par craquer, son aide-soignante elle a insulté.
Son infirmière, elle a frappé.

La bonne, la brute...

La brute, la bonne...

Que fait le truand ?